Nous y voilà : Grands Formats fête cette année ses vingt ans d’existence. Vingt ans durant lesquels notre fédération d’artistes a su grandir, renouveler ses membres, structurer et représenter les musiques en grand, défendre le jazz et les musiques improvisées aux côtés des équipes artistiques indépendantes. Ainsi nous proposons 2 mois d’une Rentrée hors-norme, du 12 octobre au 16 décembre, avec près de 80 concerts et dont les 15 et 16 décembre à Paris (Radio France, CRR de Paris, Médiathèque Musicale) constitueront une intense fermata ! Le programme complet est désormais accessible ici.
Grands Formats prendra d’abord part à 2 festivals de rentrée : le Festival Constellations (La Villette, Paris) qui s’est déroulé le vendredi 1er septembre, avec une table ronde sur l’insertion professionnelle des jeunes musicien·ne·s, puis à l’European Jazz Conference (Palais Pharo, Marseille) du 14 au 17 septembre.
Mais cette abondance ponctuelle d’évènements et de concerts ne doit pas masquer la question primordiale à laquelle les grands ensembles sont confrontés, davantage encore depuis la crise du Covid : celle de la diffusion. La publication de notre Étude Flash Diffusion a révélé un niveau préoccupant avec une réduction de 25% du nombre de concerts en l’espace d’une seule année, une absence alarmante au sein des scènes conventionnées et labellisées, et davantage encore dans les festivals de jazz (qui représentent 5% des concerts seulement).
En effet, cet été a été marqué une nouvelle fois par l’absence substantielle de nos grands ensembles au sein des festivals – accompagné par la litanie estivale des scandales répétitifs de têtes d’affiche qui n’ont plus rien en commun avec l’histoire ou le présent de cette musique. Bien que les récentes crises du Covid et de l’inflation aient fragilisé le modèle économique de certains événements, nous croyons que les grands orchestres, comme lieux d’expérimentation et de générosité sans limites, restent une expérience jubilatoire et unique quand ils vibrent dans les décors magnifiques qui peuplent nos festivals d’été.
Cette étude flash réaffirme donc une fois de plus la nécessité d’un accompagnement ambitieux des activités des ensembles de la part des pouvoirs publics et des diffuseurs.
Aussi, Grands Formats suivra de près les concertations post-rapport Bargeton lancées par le cabinet ministériel jusqu’au 30 septembre, en vue de la traduction législative des propositions présentées dans le projet de loi de finances 2024. Là encore, le phénomène de concentration des moyens (cristallisé cet été autour de la question de la taxe streaming, et trouvant écho dans le rapport de la Cour des Comptes sur les OGC du secteur phonographique concernant les « aides à la création » distribuées massivement aux grands noms de la variété) est grandement préjudiciable aux esthétiques de recherche et de création que nos compagnies défendent.
Alors, faisons en sorte qu’à nouveau cette saison permette à nos grands formats de tenir leur rôle exceptionnel dans le maillage artistique et culturel du secteur, et dont la seule démesure et la seule ambition tiennent en un mot : la musique.
Par Grégoire Letouvet, pour Les Rugissants / Pégazz et l’Hélicon