L’été débute dans un sursaut de reprise des concerts, évidemment très attendue, avec des règles plus ou moins drastiques à respecter pour les organisateurs et les organisatrices comme pour les artistes et le public. La vie culturelle reprend son cours, au moins sur le territoire national car les règles diffèrent selon les pays, même en Europe, compliquant la vie des productions, enfin celles qui se font. Pour les administrateurs et administratrices des structures et des ensembles, il aura fallu faire et refaire des contrats, demander des agréments pour l’activité partielle, jongler avec des plannings incertains, ce qui a aussi compliqué le travail de salarié·e·s souvent seul·e·s et déjà surchargé·e·s.
Pour les artistes, une prolongation de quatre mois de l’année blanche pour les intermittent·e·s a été annoncée début mai 2021, comprenant un volet pour les jeunes et les primo-accédant·e·s. C’est le résultat d’une mobilisation de plusieurs semaines qui se conclue par des mesures attendues, mais insuffisantes tant les annulations ont été nombreuses. Par ailleurs, les décrets qui officialisent ces annonces ne sont toujours pas parus, ajoutant encore un degré d’incertitude à cette période.
Loin de moi l’idée de ne pas souhaiter cette reprise, mais force est de constater que cette reprise est évidemment inégalitaire. Les artistes les mieux lotis ont repris plus rapidement, les intermittent·e·s qui ont pu maintenir une activité pourront déclencher un renouvellement anticipé auprès de Pôle Emploi, leur assurant un taux d’indemnisation semblable à celui d’avant la crise.
On continue donc de constater que cette crise sanitaire creuse, ou en tous cas, met en évidence, ces écarts. Les compagnies les plus structurées ont demandé et peuvent demander la plupart des fonds d’urgence, de compensation, de relance, des DRAC et du CNM en 2021, mais c’est encore une fois inégalitaire, les plus gros et les plus structurés touchent les aides les plus importantes.
Quoi qu’il en soit, les artistes non-intermittent·e·s, les artistes-auteurs sans statut officiel, les musiciens et musiciennes en tout début de carrière, et les Grands Formats, en particulier, ne vivent pas cette reprise comme si rien ne s’était passé. Les embouteillages de programmation sont nombreux et il est assez difficile de créer de nouveaux partenariats. Concernant l’éducation artistique dans les territoires, la reprise des actions culturelles a été timide en mai et en juin. Et, pour finir, les diffuseurs, eux-mêmes fortement contraints, se rabattent en majorité sur des propositions artistiques faciles d’accès. La prise de risque artistique n’est donc pas une caractéristique de cette reprise, en demi-teinte.
Alexandre Herer, vice-président de la fédération Grands Formats, fondateur du collectif Onze Heures Onze et musicien