La culture en mode survie

Tout d’abord, je commence par remercier les adhérents et le Conseil d’Administration de m’avoir reconduit à la présidence de Grands Formats. Hâte de travailler avec les nouvelles et nouveaux membres du CA et de poursuivre le travail avec ce même bureau.

Cet édito de début d’année, où l’on souhaite une bonne année évidemment, j’ai beaucoup trop tardé à l’écrire. J’ai repoussé l’agenda de publication de cette newsletter plusieurs fois, vu le contexte politique, en pensant qu’en laissant passer une semaine, ou deux, nous allions pouvoir communiquer des informations fiables, rassurantes, ou tout au moins des informations pragmatiques et à jour, qui permettraient de savoir comment aborder cette année 2025 avec nos équipes artistiques, nos grands ensembles ou nos collectifs.

Je ne crois pas avoir vécu un mois de janvier aussi mouvementé, en termes de politique culturelle, depuis longtemps. Sans loi de finance 2025, toujours à l’heure où j’écris ces lignes (5 février – 12h) le secteur culturel ne connaît pas son budget, ce qui a pour conséquence directe une frilosité palpable autant chez les équipes artistiques que chez les diffuseurs, cela couplé avec des coupes budgétaires de la part des collectivités : on a en mémoire les baisses et la mobilisation en région Pays de la Loire, mais il faudra suivre aussi ce qu’il se passe dans le département de l’Hérault.

Petit récapitulatif de ce mois de janvier.
Commençons par la non-reconduction du mandat de Jean-Philippe Thiellay à la présidence du CNM, ainsi que le départ de Romain Laleix de la direction. Après avoir travaillé avec eux, et les équipes du CNM, sur la refonte des aides fin 2024, nous pensions être parvenus à faire entendre notre message de défense de la diversité artistique et des modèles économiques. Finalement, après quelques combats et échanges houleux, ces critères s’avèrent moins excluants qu’ils n’auraient pu l’être, malgré une prise en compte de nos modèles encore très relative. À vérifier dans les faits bien entendu !

La nomination de Jean-Baptiste Gourdin, le 31 janvier, a l’air saluée par une partie de la profession. Pour ma part, je ne peux qu’espérer qu’elle s’inscrive dans la continuité du travail que nous avons déjà effectué. J’espère pouvoir organiser une rencontre au plus vite avec ce nouveau président.

Concernant le Projet de loi de finance, notre ministre de la Culture Rachida Dati avait assuré un maintien du budget de la Culture lors d’un CNPS (Conseil National des Professions du Spectacle) le 14 janvier. Pour rappel, Grands Formats y est représenté par l’intermédiaire de l’UFISC. Trois jours plus tard, un amendement gouvernemental réduit les budgets de 130 millions d’euros. Depuis, les fédérations et les syndicats se battent pour qu’il n’en soit pas ainsi.

La dernière mauvaise nouvelle est arrivée en fin de semaine dernière et concerne le gel de la part collective du Pass Culture pour 2025. J’avais évoqué ce dispositif lors de la Rentrée Grands Formats, qui permettait de financer une partie de la billetterie d’un concert et des salaires des intervenant·e·s. Une tribune, initiée par l’Association française des cinémas art et essai (AFCAE) et l’Archipel des lucioles, a été signée par Grands Formats, et je sais qu’un rendez-vous est prévu entre syndicats et ministre de la Culture ce jeudi 6 février pour aborder le sujet du pass culture, mais aussi le budget création et le FONPEPS.

Je voudrais d’ailleurs saluer ce travail de mobilisation de l’UFISC, du SMA, de Scènes Ensemble (fusion du Profedim et du Syndicat des Scènes Publiques), du SNAM CGT, et des autres membres de l’intersyndicale ( cf. « Lettre ouverte à Rachida Dati sur les coupes budgétaires » ou le communiqué de l’UFISC « Budget 2025 : Alerte sur la diversité artistique et culturelle ! »).

Malgré tout cela, c’est toujours l’attente, et les jours qui passent, sans budget clair et avec l’inquiétude, tous les jours, d’une mauvaise nouvelle budgétaire, en répétition, en résidence ou après un concert.
Plus que jamais, le monde du spectacle doit se mobiliser, aussi j’encourage ses acteur·rice·s à rejoindre massivement les syndicats et les manifestations organisées, chacun·e doit agir. La musique, même en mode survie, continuera toujours, mais le péril de la profession s’accélère.

Par Alexandre Herer, président de Grands Formats
et membre du collectif Onze Heures Onze

 


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