Depuis un peu plus de six mois, toutes les équipes artistiques, dont bien entendu les adhérents de Grands Formats, mais aussi son équipe salariée et son conseil d’administration, tentent de se remettre d’une crise sans précédent qui aura secoué toute l’économie, au delà du monde de la culture. Crise qui aura facilité ou encouragé certaines transitions nécessaires : nouvelle prise de conscience environnementale, plus de flexibilité dans les façons de travailler, et notamment concernant les déplacements.
D’autres transitions ont lieu aussi, à la faveur d’un contexte de crise : le financement de la culture se complexifie, ou en tout cas se concentre sur des propositions plus consensuelles, sous couvert de contrer la désaffection du public pour les salles de concert. En 2023 les divers fonds d’urgence, de relance et de reprise auront disparu, tout comme l’activité partielle, et il faut se projeter dans ce nouveau mode de financement des équipes et des projets artistiques : ne pas oublier que les sociétés civiles (ADAMI, SPEDIDAM, SCPP, SPPF) ont diminué leurs aides en conséquence du jugement de la cour européenne de justice en septembre 2020, ne pas oublier que la SACEM dispose de moins d’argent pour financer les projets, en lien avec la baisse de la taxe sur la copie privée et la diminution des perceptions pendant la pandémie.
Les espoirs se sont tournés naturellement vers le CNM, qui durant ses trois premières années d’existence, s’est vu devenir le relais du ministère de la Culture en ce qui concerne le plan de relance lié à la pandémie, et qui a pu proposer un grand nombre d’aides ayant pu profiter à presque tout le secteur. Evidemment, certains acteurs, peu structurés, n’ont pu en bénéficier, et certains critères ont exclu, comme souvent, les plus faibles. A l’aube de la fin de cette crise, le problème principal reste que le financement de l’établissement n’est pas sécurisé pour l’avenir : 2023 devrait fonctionner grâce à des reliquats de 2022, mais l’établissement devra surtout rogner sur certaines de ses missions (voir le communiqué du SMA le 28 septembre 2022), et il est à craindre que les plus faibles acteurs seront encore les plus touchés. L’année 2024 et la suite sont encore plus floues.
Grands Formats est actif auprès de la direction du CNM afin de défendre à la fois les modèles économiques des grands ensembles et de ses adhérents, plus généralement de défendre la diversité des esthétiques, et surtout de rappeler à l’établissement public que cette diversité est inscrite dans la loi. En s’appuyant sur la présence de plusieurs artistes de Grands Formats dans les commissions, Grands Formats poursuivra ce travail dans les prochaines semaines et les prochains mois afin que le jazz, les grands ensembles et les modèles économiques indépendants ne soient pas exclus des dispositifs.
En parallèle, Grands Formats est adhérent de l’UFISC (Union Fédérale d’Intervention des Structures Culturelles) depuis quelques mois, ce qui permet une prise de hauteur significative sur la plupart des sujets de la filière culturelle, sur le financement bien entendu, mais aussi sur des sujets tels que l’accessibilité des populations à la culture et les droits culturels, ou le développement territorial.
Dans ce contexte, un suivi est également mené sur le financement des équipes artistiques par les DRAC. Des rencontres avec des conseillers de chaque région ont été réalisées, ou vont l’être. En effet, la reforme des aides des DRAC va s’appliquer pour la deuxième fois en 2023 et il convient de s’assurer que ses critères n’excluent pas des acteurs importants du jazz et des musiques improvisées, de nos musiques et de nos adhérents, en grand ensemble ou en collectif.
Grands Formats reste donc mobilisé, fort d’une équipe complétée il y a peu par Laura Hanequand, nouvelle chargée de communication et de ressources, à qui on souhaite la bienvenue. Remerciement spécial à Margaux Hardoin pour son excellent travail lors des 5 années passées à ce poste. La nouvelle équipe sera complétée d’ici quelques semaines par un nouveau CA élu lors de la prochaine AG, à laquelle nous vous attendons tous, nouveau CA hyper motivé, je l’espère, pour préparer les 20 ans de Grands Formats l’année prochaine, et qui, malgré le contexte évoqué plus haut, devra être une année de célébration des grands ensembles et de nos modèles indépendants.
Par Alexandre Herer, président de Grands Formats, directeur artistique du collectif Onze Heures Onze
Photo © Lorraine Hellwig