Comme chaque année, à cette période, Grands Formats va intégrer de nouveaux adhérents. Pour beaucoup de grands ensembles et collectifs, mobilisés par l’urgence et la difficulté de faire vivre leur projet au quotidien, la question paraît souvent secondaire. Elle ne l’est pas.

Alors, adhérer à grands formats, c’est pour qui et à quoi ça sert ?

Balayons déjà les évidences, celles énoncées dans le titre.

GRANDS : nous nous adressons à des équipes d’au moins huit personnes.

FORMATS : le terme est générique. Il comprend bien évidemment les orchestres mais aussi les collectifs.

Notre charte édicte que nous évoluons dans le champ du jazz et des musiques improvisées. Pas d’inquiétude. À l’heure où les grands festivals de jazz programment Zucchero, la notion est complètement atomisée, éparpillée façon puzzle, si tant est qu’elle ait un jour signifié quelque chose.

Ces critères font leur boulot de critère, ils sont froids et objectifs. Ils sont cependant l’expression d’une philosophie que nous estimons devoir être défendue et revendiquée : la prévalence du groupe sur l’individu.

Cette idée a besoin d’être défendue parce qu’elle va à l’encontre du modèle de société dans lequel nous vivons. Inutile d’en pointer les manifestations et les excès quotidiens. Même si par une funeste habitude, nous finissons par ne plus les voir, chacun en a conscience.

Cette idée a besoin d’être défendue parce que notre environnement artistique, le jazz et les musiques improvisées, est lui aussi fortement imprégné d’individualisme. Les lieux de diffusion et les médias spécialisés n’aiment rien tant que mettre une star sous les projecteurs. Cause ou conséquence, chaque année, les plus cyniques de ces vedettes (ou leurs agents) présentent avec succès – sous leur seul nom, bien entendu – peu ou prou la même musique, en utilisant des accompagnateurs moins bien payés qu’eux comme des consommables.

Ce credo, cet idéal du groupe, de l’équipe, du collectif, de la horde, de la tribu – chacun choisira son vocable – est donc doublement en situation de faiblesse.

Parce qu’à Grands Formats, nous savons que nos musiques ne se fabriquent pas seul, que derrière un nom il y a toujours un groupe, que les bons orchestres grandissent dans la durée et la loyauté, nous avons la nécessité vitale de nous fédérer pour montrer qu’une autre vision que l’individualisme existe encore.

Grands Formats, en plus de porter et de revendiquer cette philosophie est un outil opérationnel.

Il nous donne l’occasion de nous croiser, de faire connaissance et d’échanger sur nos pratiques et nos problématiques particulières.

Il est une vitrine pour tous les adhérents et augmente significativement notre visibilité.

Il est un observateur aiguisé de notre secteur et une source importante d’informations.

Il nous représente, il est notre porte-voix. Et finissons par un truisme : sans porte-voix, impossible de se faire entendre.

Adhérez !

Par Guillaume Grenard, trompettiste, collectif ARFI.

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© François Robiba